VOYAGE À PESARO SOUS L’ÉGIDE DU GRAND ROSSINI
Ce sont deux des voix rossiniennes du moment. À seize ans, Sara Blanch avait fait sa première apparition dans un opéra contemporain au Théâtre national de Catalogne, puis avait débuté au Festival d'opéras de Rossini de Pesaro en Italie en 2013. Divers concours sont venus saluer son talent, notamment le Concours international de chant Montserrat Caballé (2014) et le concours Tenor Viñas (2016), où elle a décroché huit prix. Quant au public, il a pu suivre sa trajectoire sur un grand nombre de scènes et de festivals de renom, où elle a interprété plus de vingt-sept rôles lyriques. Elle a été la première artiste en résidence du Festival de Peralada en 2016 et, cet été, elle revient couronnée de ses lauriers de grande diva rossinienne. Récemment, la soprano a débuté en récital solo au Palais de la musique catalane lors du dernier concert du cycle « Palau Grans Veus » (Grandes voix du Palais), où elle a remporté un succès éclatant. En septembre 2024, la prochaine étape sera son début très attendu à la Scala de Milan, considéré comme le théâtre d’opéra le plus prestigieux du monde et l’un des plus renommés de la scène internationale. Le baryton italien Paolo Bordogna est un chanteur de renom international considéré comme l'un des plus grands interprètes d’opéra-bouffe de la nouvelle génération, de par sa souplesse d'interprétation et ses talents de comédien. L'amplitude de son registre de baryton l'a amené à interpréter plus de cinquante pièces s'étalant du XVIe siècle jusqu'à l'époque contemporaine. Il a tout particulièrement été sollicité pour sa spécialisation dans le bel canto et les rôles d'opéra-bouffe. Habitué du Festival Rossini d’opéra de Pesaro dès 2005, il a chanté dans de multiples théâtres d’opéra de grand prestige. Les deux solistes, accompagnés au piano par Giulio Zappa, rendent hommage au brillant compositeur, que l'on surnommait le Cygne de Pesaro, avec de grands airs de ses derniers opéras célèbres, à l'occasion d'une soirée qui promet d'être inoubliable.

MUSIC RELOADED
Actuellement, dans notre société, avoir moins de 40 ans et se consacrer à la composition de musique " classique contemporaine " n'est autre qu'aller à contre courant et être très courageux. Et si en plus on est une femme, la prouesse est encore plus grande. Avec l'œuvre de Helena Cánovas " Intorno a due vermiglie e vaghe labbra ", basée sur le madrigal de Monteverdi au centre de ce programme, nous avons demandé à nos jeunes compositeurs et compositrices de revisiter la polyphonie et le contrepoint de la renaissance et les configurent de nouveau selon leur propre langage.  À Music Reloaded, nous leur demandons qu'ils download, traitent et surtout, reload. Le langage musical de Xavier García Cardona, Joan Magrané, Carles Prat, Helena Cánovas et Josep Ollé dialogueront avec des compositions d'Alonso Lobo, Madalena Casulana et Claudio Monteverdi lors d'un concert où ne manqueront pas les nouveautés de Aurora Bauzá et Pere Jou et un nouveau " Madrigal " d'Anna Campany. Le résultat de cette commission du Festival Peralada sous la direction de Júlia Sesé et avec la participation du Chœur de Chambre du Palau de la Música, est un concert jeune et novateur honorant la tradition de la musique chorale occidentale.

DON JUAN NO EXISTE
Au début du XXe siècle, une comtesse assiste à une représentation de " Don Giovanni " accompagnée par deux amis proches. Elle observe la scène, les personnages, mais ne parvient pas à connecter avec la pièce. Cependant une pulsion créative lui vient : écrire son propre Don Juan. Accompagnons Carmen Díaz de Mendoza Aguado, la Comtesse de San Luis, dans son bureau. Elle commence à écrire mais ce n'est pas seulement sa voix qu'elle écoute mais celle de ses incertitudes, celle de la société ou même celle d'un fantôme qui la détient. Elle est seule, bien qu'elle ait son ami Miguel auprès d'elle, qui ne comprend pas non plus pourquoi elle doit poursuivre ce projet si étrange. Enfin arrive la première et l'œuvre est un fiasco. Nous voilà en 2024 et une nouvelle créatrice tente de compléter un opéra, de compléter ce qui s'était passé avec cette première de " Don Juan no existe " de Carmen Díaz de Mendoza Aguado. Elle a mis la main sur des coupures de journaux concernant la première mais en ce qui concerne la Comtesse il ne reste pratiquement rien, même pas le texte ; elle doit l'inventer afin de pouvoir parler d'elle. De nouveau la voix antagoniste se fait entendre, mais cette fois-ci elle est différente, elle ne fait douter l'auteure. La conversation s'engage ; elle demande : pourquoi tant rechercher cette Comtesse ? Mais l'auteure est convaincue par sa tâche et elle continue de chercher. Ainsi est née cet opéra de Helena Cánovas Parés, une commission du Festival Peralada, en coproduction avec le Gran Teatre del Liceu et le Théâtre Royal du fait de s'être imposée comme la lauréate de la deuxième édition du Carmen Mateu Young Artist European Award. Un opéra qui veut rendre hommage à toutes les femmes qui ont été éliminées de l'histoire pour le simple fait d'être nées femmes.